Des hordes de grues à la Horre !

© Fabrice Croset
3 Mars 2025

On les voit passer en ce moment en grands vols en forme de V, direction nord-ouest, les grues cendrées repartent progressivement vers leurs quartiers d’été. C’est le moment de dresser le bilan de la saison 2024-2025 de migration et d’hivernage des grues à l’étang de la Horre.

A partir de début octobre, la réserve de l’étang de La Horre a vu séjourner les premiers groupes de grues en migration. Les grues ont pris l’habitude d’y passer leurs nuits, car elles trouvent sur ce site les milieux qu’elles affectionnent (bordures de plans d’eau) et la quiétude qui leur est nécessaire. En journée, elles se nourrissent dans les prairies et cultures environnantes.

Grues cendrées au dortoir, © Johann Chrétien
Lever de dortoir de grues cendrées, © Johann Chrétien

En novembre et jusqu’à mi-décembre, les effectifs de grues au dortoir à l’Etang de La Horre ont été très importants. En effet, ce sont des milliers d’individus qui y étaient présents toutes les nuits. La Horre est donc un site de migration majeur en Champagne humide. Le seul site où on trouve des effectifs supérieurs est le Lac du Der (record : 270 000 individus), mais sur une surface bien plus importante.

A partir de mi-décembre, le pic de migration est passé et les effectifs au dortoir baissent. Il ne reste que les individus qui passeront l’hiver en Champagne. En janvier, les niveaux d’eau de La Horre remontent et les grues trouvent moins de place sur les vasières pour passer la nuit, elles préfèrent donc aller dormir au Der, tout proche.

Le conservateur de la réserve de l’étang de La Horre, aidé par des bénévoles, compte régulièrement les grues, soit tôt le matin (avant leur départ), soit le soir (à leur arrivée).
Ces comptages permettent de voir évoluer les effectifs d’année en année. Ils permettent aussi de repérer au passage les individus « bagués ».

Grue équipée de bagues couleurs, © Alexandre Antoine

Plusieurs programmes de recherche ont pour but d’améliorer les connaissances sur les déplacements des grues cendrées. Ainsi, dans de nombreux pays où les grues cendrées se reproduisent, des scientifiques équipent des poussins de bagues de couleurs, permettant de reconnaître les individus, même de très loin.

Cette saison, pas moins de 20 individus bagués différents, en provenance de 6 pays (Allemagne, Pologne, Suède, Finlande, Estonie et Lettonie) ont été observés sur l’étang de La Horre, ou sur les gagnages locaux. On notera la présence de l’individu « bubur-ywr » qui a été bagué en 2004 en Allemagne, et qui est vu presque chaque année à La Horre. Cette année elle y a été vue deux fois, à un mois d’intervalle. Chaque observation de grue cendrée baguée est communiquée aux scientifiques porteurs du projet grâce à un outil en ligne de saisie des observations.

D’année en année nous continuerons de nous émerveiller de leur présence, mais attention, pour cela il est essentiel de respecter leur quiétude ! Il est crucial de ne pas déranger les grues à leurs dortoirs, afin de ne pas effaroucher des groupes entiers. Alors soyons le plus discrets possible !

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