On les voit passer en ce moment en grands vols en forme de V, direction nord-ouest, les grues cendrées repartent progressivement vers leurs quartiers d’été. C’est le moment de dresser le bilan de la saison 2024-2025 de migration et d’hivernage des grues à l’étang de la Horre.
En ce moment, le niveau de l’eau à l’étang de La Horre est très élevé. A tel point que sur certains secteurs, la forêt a les pieds dans l’eau. Si cela peut ressembler à une inondation subie due à des fortes pluies, c’est en fait tout à fait voulu, et mis en place par le gestionnaire de la réserve.
En effet, s’agissant d’un étang, le niveau de l’eau peut être réglé par le gestionnaire, à la hauteur souhaitée. Il échappe au contrôle du gestionnaire uniquement lors de longues périodes de sécheresses et lors de très fortes pluies.
Mais alors pourquoi choisir d’inonder les abords de l’étang ? Le but est de maintenir des habitats particuliers, qui ont besoin d’être régulièrement inondé pour ne pas disparaître ou se dégrader.
Premièrement, les roselières ont besoin de fluctuations des niveaux d’eau pour se maintenir, et comme elles abritent de nombreuses espèces patrimoniales, leur préservation est essentielle.
Et aussi, un autre habitat, bien plus rare, se trouve autour de l’étang de La Horre. Il s’agit de la Chênaie pédonculée à grands Carex. Cette association, atypique, se compose d’un tapis de grands Carex (ces hautes herbes un peu coupantes des forêts humides) au milieu duquel poussent des grands chênes pédonculés, un arbre qui d’habitude évite l’eau.
Cet habitat est rare à l’échelle nationale et la réserve de l’étang de la Horre en accueille des surfaces relativement importantes. Pour se maintenir, ces cariçaies doivent être régulièrement inondées.
Le niveau de l’eau atteint son maximum en fin d’hiver, puis descend progressivement lors du printemps, pour libérer les premières vasières en fin d’été, à l’arrivée des premiers migrateurs. Cela permet aussi à la végétation des vases exondées de s’épanouir. En automne, un niveau assez bas est maintenu à la fois pour la végétation, mais aussi les grues et autres migrateurs. Après la vidange de fin d’automne, qui est effectuée si une pêche est organisée, les niveaux d’eau remontent et le cycle reprend.
Aperçu d'une de ces fameuses Chênaies pédonculées à grands Carex en été. (c) Alexandre Antoine.